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VI

LE CHASSEUR



APRÈS les heures tragiques qui avaient amené le martyre du missionnaire, Amiscou, pénétré d’une rage impuissante et d’un immense chagrin, s’éloigna à grands pas du village que les Iroquois achevaient de mettre à feu et à sang. Ceux-ci, devant le regard étrange et courroucé du manchot, sentirent s’accroître leur crainte des mauvais sorts et n’osèrent ni l’arrêter ni lui parler.

Le Huron regagna son gîte de la forêt, mais il avait maintenant en horreur ce pays, témoin du massacre de son guérisseur, de celui qu’il cherchait depuis si longtemps… sa grotte, il ne voulait plus y séjourner et, ramassant ses peaux de bête, il les enroula dans sa couverture, jeta le paquet sur son épaule, et, sans s’occuper de la saison rigoureuse, il se remit en route, se dirigeant cette fois vers des régions inconnues.

Chose extraordinaire, le souvenir de tout son passé lui était complètement revenu ; il se revoyait bambin au wigwam paternel du bourg de Sainte-Marie-des-Hurons, se rappelait les