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LA CACHE AUX CANOTS

Le gros paquet que venait d’apporter le manchot contenait une épaisse couverture, une peau de renard et aussi des provisions pour plusieurs jours. L’Indien jeta la couverture sur le grabat de sapin qu’il s’était préparé, étendit la peau sur la terre qui formait le plancher de la grotte, alluma un petit feu de branches sèches, sortit des vivres et se mit à manger avec avidité ; puis, il étira ses longs membres, bailla, et se jeta sur son lit de sapin… D’un air rêveur, il regardait la flamme vacillante de son feu, dont la fumée s’échappait par les fissures de la muraille pierreuse ; il se sentait bien dans ce gîte où personne ne viendrait le déranger…

— J’y passerai la froide saison, se dit-il, et, quand reviendront les beaux jours, la verdure, les oiseaux, je reprendrai la route.

Dès que cette idée eût germé dans son cerveau malade, Amiscou commença ses préparatifs en vue de l’hiver. Il amassa une quantité de bois tombé, se procura chez les Indiens du bourg plusieurs bonnes peaux de bête, et à l’aide de sa hache confectionna un solide rempart qui défendrait, contre les loups et les renards, l’entrée de son asile, si ces bêtes rusées venaient à déplacer la natte de jonc qui masquait le trou dans le sol de la forêt. On était au début d’octobre. Aux yeux du manchot, ce lieu avait plus de charme qu’aucun de ceux qu’il avait habités ; le feuillage des érables lui semblait plus éclatant, les sapins plus verts, les