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Arrivés enfin à Ville-Marie, après un long et pénible voyage et de nombreux détours, ils purent relater leurs exploits et les dangers incroyables de leur fuite presque miraculeuse ; le nom du loyal manchot fut partout répété avec admiration.

Le chasseur retourna à Québec et résolut de s’établir dans la campagne environnante ; les Hurons dispersés occupaient maintenant le village de Lorette et ce fut là que Jean Brisot se fixa avec son fils.

La fidèle Onata n’avait pas eu la force de suivre la troupe durant la longue randonnée du retour ; elle était restée chez les Indiens sénécas qui la reçurent avec bonté.

Jeannot se fit bientôt des amis et des camarades parmi les villageois, mais il grandissait, et son père voulut lui faire commencer ses études. À la demande de Brisot, le jésuite, qui desservait la mission, consentit à lui faire tous les jours quelques heures de classe ; ce jésuite était le même missionnaire qui avait séjourné si peu de temps à Gannentaha ; il avait donc connu Amiscou et il en parlait fréquemment avec son jeune élève.

— Il était singulièrement bien doué, ce brave manchot, dit un jour le prêtre ; j’ai toujours regretté de n’avoir pu continuer à l’instruire. J’avais été vivement impressionné par le naïf récit qu’il m’avait fait de sa vie ; je suis convaincu qu’il est au ciel… il a versé son sang pour te