Page:Maxine - La blessure, 1932.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LA BLESSURE

Ce n’avait été, tout d’abord que de l’amitié, de la camaraderie, mais depuis quelques semaines, il se rendait bien compte que ce n’était plus du tout ça. C’était l’amour qui remplissait son âme, et lui faisait accepter toujours d’aller chez les Chimerre, afin d’y rencontrer Isabelle. À vrai dire, il ne lui avait jamais parlé de ses sentiments, mais il croyait qu’elle l’avait deviné, et c’était bien vrai. Avec cette intuition spéciale à la femme et surtout à la femme éprise, elle pressentait l’amour de Marcel, et elle aussi se sentait invinciblement attirée vers lui.

Et maintenant, Marcel se demandait ce qu’il allait faire. Les deux incidents de la conversation de ce soir lui avaient brusquement ouvert les yeux et l’avaient tiré de son rêve. Il ne pouvait plus continuer ces relations dont le charme lui faisait oublier la tache de sa naissance ! Que faire ? Parler à Isabelle ? Lui révéler son origine ? Implorer pitié pour son amour ? Jamais il ne pourrait se résoudre à cela ! Il pourrait le lui dire, oui, dans un adieu, mais non dans une prière de pitié !

Depuis une demi-heure déjà, il était rendu dans sa chambre et toujours il continuait son triste monologue intérieur. Marchant nerveusement dans la petite pièce, il fumait distraitement des cigaret-