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VIII




LORSQUE Marcel se trouva seul, en face de ses pensées, il eut un mouvement de révolte contre la vie…

Deux fois, ce soir, on avait inconsciemment ravivé chez lui cette douleur sourde, persistante, cette humiliation de l’enfant sans nom, cette sensation inavouée d’être comme un pariah dans la société qui le recevait…

Après avoir ramené Isabelle chez son père, il avait renvoyé le taxi, pour revenir à pied jusqu’à la maison de la rue Peel, où il avait sa chambre. Le long des rues, presque désertes à cette heure, ses idées sombres l’obsédaient et il découvrait en son âme des rancœurs ignorées jusqu’alors et qui semblaient lui donner le droit de maudire ce père inconnu, cause de tout le mal. Un sentiment nouveau avait surgi dernièrement dans ce cœur ardent mais concentré, un sentiment très doux et à la griserie duquel il s’était livré sans songer à l’impossible… il aimait Isabelle Comtois !