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LA BLESSURE

ter en véritable gourmet. La fumée des cigares et des cigarettes se mêlait à l’arôme capiteux des liqueurs et au parfum des lilas dont la table était ornée. Les histoires et les anecdotes, plus ou moins épicées, se succédaient, amenant parfois des applaudissements et souvent des éclats de rire. L’un des convives, par ce qu’il raconta, s’attira une rebuffade de la part de Chimerre :

— Vous Georges, dit-il, quand donc cesserez-vous d’être un tel libertin !

— Que voulez-vous, répondit un peu cyniquement Georges Lemmé, on fait ce qu’on peut… mais les femmes sont si provocantes !

— Si elles sont provocantes, dit Marcel, n’est-ce pas notre faute à nous ?

— Comment ça ? se récrièrent tous les autres.

— Mais oui, c’est notre faute ! Si une femme, une jeune fille, a l’air trop effacée, trop lointaine… elle passe inaperçue ! Allez au bal… Lesquelles sont le plus entourées ? Lesquelles ont le plus de vogue ? Ne sont-ce pas celles dont les toilettes sont un peu risquées, ou dont on ne craint pas trop… ce que nous appelons gauchement la pruderie ?

— Pourquoi trouverez-vous maladroit de donner