Page:Maxine - La blessure, 1932.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LA BLESSURE

dit-il, tendant sa grosse main.

Marcel lui serra amicalement la main.

— Je vois que tu te souviens bien de moi, dit-il. Je t’ai reconnu tout de suite, moi aussi, Menomme !

— Pas moé ! Si, t’avais pas été avec m’sieur l’curé, j’passais tout dret !

— Vous vous êtes bien connus ? dit le curé.

— Ben mé ! On a marché au catéchi’me côte à côte… on a pêché des rougettes dans l’p’tit lac, on a volé des pommes au père Eqienne, on a couru tout partout ensemble !

— Ces souvenirs là, ça ne s’oublie pas, dit Marcel en riant ; et maintenant, tu vas voir les filles !

— À c’t’heure, j’vas voir ma blonde… on va mett’ les bancs à l’église ben’vite, m’sieur l’curé !

— Tant mieux, Menomme, dit le prêtre.

— Tu as un beau gros cheval, dit Marcel.

— Oui, y est ben vigoureux… mais j’pense ben que j’vas m’acheter un auto, si j’peux faire un peu d’argent, l’été qui vient. Au revoir, dit-il, bonne chance !

— Bonne chance, répéta Marcel.

Et tandis que la voiture s’éloignait au trot pesant du cheval, Marcel Pierre, instruit, élégant, musicien et à la veille de se créer une carrière,