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LA BLESSURE

de ta fausse situation dans le monde, c’est lui, la cause de la mort misérable de ta mère, c’est lui la cause de l’humiliation qui te hantera toujours ! Ah malheur ! je le hais, cet inconnu !

— Ne parle pas ainsi, dit le prêtre, tu n’en as pas le droit ; cet inconnu, il est peut-être devant Dieu… où il expie peut-être d’une manière terrible, dès ce monde, les faiblesses du passé… s’il eut connu ton existence, n’aurait-il pas cherché à te protéger lui-même ? Laisse à Dieu seul le droit de juger !

— Soit, je n’en parlerai plus. Mais vous voyez bien, continua-t-il souriant tristement, vous voyez bien que je ne puis songer au mariage ! C’est égal, j’ai eu rudement de la chance, à la mort de marraine, d’avoir un protecteur comme vous !

— Je t’ai pris d’abord par devoir, Marcel, parce que madame Saint-Denis me l’avait demandé dans une lettre qui m’a été remise après sa mort ; mais ensuite, je t’ai gardé par affection. Tu sais bien que je t’aime comme un fils !

— Et moi, dit Marcel, en lui serrant la main, mon sentiment pour vous est tout filial… et lorsque j’ai eu la belle proposition de monsieur Ashley, ma première pensée a été pour vous !

— Je le sais, mon garçon, nous nous comprenons ! Et maintenant, il faut s’en retourner, il y