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LA BLESSURE

récit de Sœur Saint-Amable et le départ de Québec pour Val-Ombreux…

— Tes premiers vêtements ont été donnés à d’autres petits pauvres. On a conservé l’enveloppe avec ton nom écrit de la main de ta mère. Je l’ai dans mon coffre-fort. Je te la donnerai ce soir…

Marcel ne répondit pas ; il regardait droit devant lui et les larmes amères tombaient goutte à goutte de ses yeux bruns, tandis qu’il murmurait à demi-voix : Pauvre mère ! Pauvre mère ! Puis se raidissant :

— Et vous croyez qu’on n’a pas le droit de maudire un père inconnu, qui ruine une femme, la conduit à la mort, et abandonne l’enfant dès sa naissance ?

— Tu ne dois pas le maudire ! Tu ne sais pas ce qui s’est passé… Ta naissance, il l’ignorait, peut-être…

Marcel se calma un peu.

— C’est possible, dit-il, je sais le peu de cas que certains hommes font de la vertu… Mais pensez-y donc ! Ce père inconnu, je puis le rencontrer… je vais peut-être le coudoyer dans la vie, lui parler, sans savoir ce qu’il est pour moi… et rien ne me dira : c’est lui ! C’est lui, la cause