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LA BLESSURE

— Pourquoi ? Vous le savez ! Je vous ai promis, et je me suis promis à moi-même, que… que… je me souviendrais toujours de mon malheur et que je ne m’exposerais jamais à en causer de semblable…

— Oui, mais…

— Mais, interrompit Marcel, vous allez me dire : il y a les bonnes jeunes filles, et il y a le mariage !

— Justement !

— Le mariage ? Quand on est pauvre ? Quand on n’a pas même un nom à offrir à une femme !

— Tu vas t’en faire un nom, mon cher enfant ! Je suis comme ton américain, j’ai confiance en toi !

— J’espère réussir et ne pas tromper votre confiance… j’espère toujours bien agir… être toujours honnête… mais ça n’enlèvera pas la tache de ma naissance !

— Ta naissance… qui sait ? Elle était peut-être moins triste que tu ne le penses !

— Non, puisque ma chère marraine, ma mère d’adoption par le cœur, l’a tellement craint, qu’elle n’a pas osé me faire héritier de son nom !

— Elle est morte plus tôt qu’elle ne le croyait, murmura le curé.

— Ce n’est pas la raison… j’étais jeune, je