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LA BLESSURE

rendre sans tarder à Montréal, afin de mettre tout de suite son affaire en marche et il fut décidé que Marcel repartirait dès le lendemain.

Dans l’après-midi de ce dimanche, ils montèrent ensemble le long de la petite terre de la fabrique ; les champs de foin étaient rasés, quelques tardives marguerites fleurissaient çà et là… Marcel en cueillit une et la mit à sa boutonnière ; l’avoine et le blé commençaient à blondir ; le long des clôtures la verge d’or se balançait sur ses longues tiges gracieuses, parmi les fougères et les herbes, les quatre-temps formaient un tapis de corail, et du bois voisin venait une âpre senteur de résine que Marcel respirait voluptueusement. Ils passèrent à travers l’érablière et s’arrêtèrent à la petite cabane à sucre où ils entrèrent pour se reposer.

— Ça me rappelle mon temps de gamin de venir ici, dit le jeune homme. Il y a bien sept ou huit ans que je n’avais pas vu la sucrerie !

— C’est vrai, tes visites ont toujours été si rapides ! Dis-moi, Marcel, tu ne me parles jamais d’aucune femme… N’as-tu pas des amies ? des blondes ? C’est de ton âge !

— Je connais bien des jeunes filles… mais je ne fais la cour à aucune.

— Pourquoi ?