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LA BLESSURE

fait des traductions… enfin, je voulais essayer de me placer à Montréal, dans une banque, mais les démarches que j’ai faites n’ont pas encore donné de résultat !

— Pourquoi (ceci n’est pas une critique, mon jeune ami, mais une marque d’intérêt) pourquoi n’avez-vous pas cherché à vous fixer à quelque chose… et à vous y tenir ?

Marcel regarda le millionnaire et dans cette figure un peu austère, il vit tant de bonté qu’il se départit de son inconsciente raideur.

— Je n’ai pu, faute d’argent, terminer mes études classiques, faute d’argent encore, je n’ai pu m’occuper de musique… et c’est ce que j’aime par-dessus tout ! Pour subvenir à mes dépenses, il a bien fallu prendre ce que j’ai pu trouver. Je ne me suis jamais senti dans mon élément. Sans doute, continua-t-il, regardant monsieur Ashley avec son rare et charmant sourire, n’étais-je pas the right man in the right place !

— C’est évident, dit l’américain, mais votre tuteur ne pouvait-il pas vous aider ?

— Mon tuteur est un vieux prêtre, le curé de Val-Ombreux, petite campagne au nord de Québec. C’est un érudit et un saint ! Je n’ai pas connu d’autre père que lui. Il n’a que peu de relations