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LA BLESSURE

giée ? Sans avoir des millions, son père avait de la fortune… du moins suffisamment pour lui permettre de satisfaire les goûts et les caprices de sa fille ! Elle n’était pas blasée. Les belles choses de la nature la faisaient vibrer, elle ne craignait pas de laisser voir son admiration, malgré le sourire parfois un peu railleur de ses amies plus mondaines… En pensant à celles-ci, elle songea à d’autres, celles parmi ses parentes, ou dans son entourage, pour qui le sort ne gardait que des rigueurs, qui devaient sacrifier leur indépendance, suivre un bureau, se priver de bien des plaisirs…

— Quel mystère, pensa-t-elle, que cette inégalité du bonheur en ce monde ! Pourquoi Dieu permet-il ces choses ?

Enfant, on lui apprenait que la vertu a toujours sa récompense… cependant, celles de ses amies qui étaient les plus sages et les meilleures étaient loin d’avoir la vogue et le plaisir de ses autres amies… celles qui ne se gênaient pas pour multiplier les cocktails, pour porter des toilettes risquées, pour se piquer d’être un peu trop à la page !

— Moi-même, se disait Isabelle, je m’amuse souvent moins bien que d’autres parce que je suis trop… moche… (comme on dit en argot ici)… et cependant, je ne veux pas être autrement…