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LA BLESSURE

l’hôtel Alsace-Lorraine était presque déserte ce soir là. Lorsque Jeanine et Isabelle se mirent à table, celle-ci demanda au garçon :

— Où donc est tout le monde ce soir ?

— À Nice, pour le grand travesti !

— En effet ! C’est donc pour ça, continua-t-elle, s’adressant à son amie, que Cannes semble dépeuplé…

— Ton beau ténébreux y sera sans doute ce soir, dit Jeanine. Quel dommage de n’avoir pas eu des amis ici pour nous y amener ! Se mêler à la foule masquée… jouer la comédie de l’intrigue… se griser un peu de danse et de plaisir… quel bonheur !

— Eh bien, sais-tu que je n’y tiendrais pas… j’ai déjà vu des bals masqués, c’est la même chose partout… et bien plus amusant si l’on se trouve avec des amis qu’avec des inconnus !

— Toi, tu es mieux chez nous que sur la Riviera !

— Pardon ! Quand je vois, en plein hiver, des glycines, des roses, des violettes en fleurs sous le soleil, que je respire le parfum grisant des mimosas, je me trouve merveilleusement bien dans cet éden où nous sommes depuis deux semaines…

— Mais tu regrettes tout de même ton Saint-Laurent !