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LA BLESSURE

de mon silence prolongé. Mais je connais votre cœur et je sais que vous ne m’avez jamais taxée d’indifférence. Depuis bientôt dix ans, je ne suis jamais restée longtemps sans vous écrire !

Je n’ai que de bonnes nouvelles à vous donner de Marcel. Il se révèle un garçon intelligent, affectueux et attirant, quoique volontaire et un peu ombrageux… Il me semble très attaché.

Comme vous le savez, je ne lui ai jamais parlé de ses origines. Je lui ai dit que ses parents étaient morts et que j’étais sa marraine ! Jusqu’à ces derniers temps, je n’ai pas eu de peine à répondre à ses questions, mais on a dû lui dire quelque chose. Les autres enfants peut-être… « cet âge est sans pitié » car il m’a demandé un jour, il y a environ trois semaines : « marraine, qui était mon père ?… » Et sans attendre ma réponse, il a continué :

— Pourquoi, à l’école, m’appelle-t-on Marcel Pierre ? Il paraît que ce n’est pas mon nom !

— Écoute, mon petit Marcel, lui-ai-je répondu, c’est certainement ton nom. Je te l’ai donné moi-même à ta confirmation !

— Un nom de confirmation… ce n’est pas un nom de famille, marraine !

— C’est un nom qu’on a parfaitement le droit