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LA BLESSURE

— Suzanne, vous êtes seule au monde ! Pourquoi ne l’adopteriez-vous pas ?

— Pour bien des raisons, chère amie. D’abord, je n’en ai pas les moyens, et la petite pension que me sert le gouvernement d’Ottawa, depuis la mort de mon mari, finira avec moi… Ensuite et surtout, je ne veux pas donner à un étranger le nom de mon mari, la place de mon fils… Ces deux deuils remplissent ma triste existence… il ne pourrait plus y entrer une nouvelle affection !

— Le cœur de la femme est maternel… et il se dédouble ! Dieu l’a voulu ainsi ; vous pourriez vous attacher à ce petit !

— Pour le protéger… lui procurer du bien-être … un peu de soleil et de grand air… mais pas pour le faire mien ! Je paierai, chez le fermier, une petite pension pour lui, et je vous le ramènerai dans quelques semaines, en septembre au plus tard !

— Comme vous voudrez, Suzanne. Je comprends que votre cœur porte encore les stigmates de vos deuils cruels. Mais, croyez-moi, faire du bien à un petit être faible et sans appui, lui donner un foyer, cela vous deviendrait une douce consolation. Cependant, vous êtes seule juge de la chose.