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LA BLESSURE

— Je suis émerveillée, dit madame Saint-Denis, de la manière admirable dont vous tirez parti du peu d’espace que vous avez pour un si grand nombre de bébés. Dites-moi, ces pauvres petits, sont-ils tous vraiment les enfants du vice ?

— Pas du vice, répondit avec indulgence la sainte religieuse, mais des suites de la pauvre faiblesse humaine… de la légèreté… d’accidents… que sais-je ? Tous, cependant, sont des abandonnés. Et à ce titre ils ont droit à notre charité !

— Qui leur donne un nom ?

— Nous-mêmes, lorsque nous les faisons baptiser sous condition à leur arrivée. Quelques-uns, cependant, ont un nom attaché à leurs vêtements… c’est l’exception.

— Et le petit Marcel ?

— Celui-là nous est survenu dans des circonstances exceptionnelles… Racontez donc à madame Saint-Denis, ma sœur Saint-Amable, l’arrivée de ce bébé !

— C’était en 1903, au mois de septembre, dit la sœur. Il était environ neuf heures, il faisait déjà noir. On sonne… J’ouvre le guichet de la porte et j’aperçois une femme âgée qui tient un bébé dans ses bras.