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LA BLESSURE

Voilà ! L’aveu est fait ! Je vous ai perdue, ma bien-aimée, mais l’honneur me commandait de vous confier cette triste chose, alors que vous aimant de toute mon âme, je n’ai pas le droit de vous épouser !

Si ma chère marraine m’eut légué son nom, oui, j’aurais pu alors espérer vous avoir un jour pour épouse ; me faire une carrière dont vous auriez été l’inspiration, me créer un foyer dont vous auriez été l’idole, avoir de chères petites têtes blondes à chérir ; ce rêve m’est interdit par cette loi implacable qui fait qu’on souffre par la faute d’autrui !

Mais je ne veux plus, comme je l’ai trop souvent fait par le passé, mettre en doute la justice du Dieu qui vient de me ramener à la santé. Vous qui êtes bonne, vous qui êtes pieuse, demandez-lui pour moi le courage et la vaillance.

Même sans nous revoir, resterons-nous amis, Isabelle ? Ah ! Je le désire ardemment. Ne me refusez pas cette miette de bonheur !

La triste chose que je vous révèle, le public, je le sais, ne l’apprendra pas de vous, mais dites-la à votre père, afin qu’il comprenne mon attitude ; je suis sûr qu’il m’approuvera.

Adieu, vous que j’aurais tant voulu appeler ma femme ; adieu la seule aimée… adieu !

Marcel.