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LA BLESSURE

Maintenant que je vais beaucoup mieux et que mes forces reviennent à vue d’œil, je ne dois plus différer une confession que j’ai à vous faire ! Isabelle, vous vous êtes bien aperçue, n’est-ce pas, que je vous aime… et depuis longtemps… peut-être depuis notre rencontre fortuite à Cannes et davantage encore en ces derniers temps…

Vous avez toujours été dans mon cœur la seule élue. Lorsque vous m’avez vu chez Jeanine, quand je vous avais dit devoir rester à mon bureau, je n’ai rien pu vous expliquer, mais, croyez-moi, je n’étais pas fautif !

Et maintenant, chère adorée, voici ce que j’ai à vous dire, à vous que j’aime plus que ma vie, à vous dont j’aurais tant voulu faire ma femme, vous… à qui je n’ai rien… rien à offrir ! Car à part mon manque de fortune suffisante, je n’ai pas même un nom !… Je suis… je suis… comme la malheureuse fiancée de Jean Litois… un pauvre abandonné, emprunté, recueilli à la Crèche de Québec par Madame Saint-Denis, une marraine d’occasion…

À sa mort, elle me légua le peu qu’elle possédait de biens terrestres, la chère âme, mais pas son nom ! Le nom de Pierre que je porte, elle me l’a donné à ma confirmation…