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LA BLESSURE

avait fait à Montréal… quant à moi, je le savais en difficultés, mais j’ignorais combien tragique était notre départ, quand il m’a fallu fuir avec lui, à moins d’une demi-heure d’avis. Isabelle, Paul s’est tué quelques jours après notre arrivée ici ! Il m’a avoué, la veille de sa mort, qu’il était entré au bureau de Marcel et lui avait tiré une balle en pleine poitrine, pour se venger du refus de publier ce qu’il lui demandait ; ce qui avait amené, précipité, disait-il, sa ruine. Le lendemain, à mon réveil, Paul était étendu dans un fauteuil, empoisonné avec de la strychnine ! Il m’avait laissé un adieu et une demande de pardon.

Lorsque j’ai vu, dans un journal de Montréal, que Marcel refusait de nommer son agresseur, j’ai été touchée de sa loyauté. Aussi, je veux le justifier à tes yeux, au sujet de la dernière fois que vous vous êtes rencontrés dans notre appartement à Westmount.

Paul voulait à tout prix lui faire publier quelque chose dans son journal, à propos d’un mauvais stock, qu’il devait vendre. Marcel avait refusé ; Paul m’a demandé d’essayer à mon tour et d’user de séduction pour le fléchir ! J’ai pleuré au téléphone avant qu’il consente à venir, j’ai préparé la