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l’aiglon blanc des illinois

Le soir était venu ; les Indiens se préparèrent à passer la nuit dans la cache. L’Aiglon, fatigué, s’étendit sur le sol et ferma les yeux ; sa main chercha par terre quelque chose qui pût le couvrir ; il ne trouva que deux grandes branches, encore chargées de feuilles, qu’un des hommes avait jetées là ; il les tira à lui, en guise de couverture, et s’endormit bientôt profondément.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, les deux Indiens dormaient encore ; une faible lumière d’aube pénétrait par l’entrée de la cache, où le Sioux était couché. L’Aiglon vit sa chance ! Il s’avança avec précaution, enjamba par-dessus le dormeur, et s’esquiva rapidement… Mais l’Iroquois l’avait vu, et, plus vif que l’éclair, il se précipita derrière l’Aiglon avant que celui-ci ait pu se hisser dans un arbre ; saisissant un gourdin, il en asséna un coup formidable sur la tête de l’adolescent, qui tomba, étourdi, puis perdit complètement connaissance.

« L’as-tu tué ? demanda le Sioux.

— Non ; étourdi seulement ; c’est aussi bon, il s’éveillera dans un autre pays et ne saura plus se retrouver !

— Que veux-tu en faire ? Le vendre comme esclave ?

— Peut-être, si le chef n’en veut pas.

— Pourquoi n’avoir pas capturé plutôt un Visage-Pâle ? Celui-ci est un Illinois.

— Je voulais me venger des Visages-Pâles et j’ai besoin d’un captif pour le chef. Ce petit reluqueur fera l’affaire, c’est un protégé des Français !

— Plutôt un protégé de Nika, le Chaouanon… Un Miami m’a dit que c’était comme son fils ; c’est un homme dangereux !

— Bah ! Qui nous a vus ? Personne ne sait ce qui est arrivé, le gamin ne retournera jamais là-bas et dès ce soir, nous serons loin ! Le canot est-il prêt ?

— Hé, à moins d’une demi-lieue d’ici. Partons tout de suite. »