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L’Aire de l’Aigle


Tandis que Nika vaquait à ses préparatifs, l’Aiglon entra dans le fort, dans l’espoir de recueillir de meilleures nouvelles de son chef. Le père Membré sortait justement de l’une des trois petites pièces dont se composaient ce logis, et qu’il avait aménagé, tant bien que mal, en chambre à coucher pour le malade.

« Comment va chef La Salle ? demanda le jeune Illinois prononçant très lentement les paroles françaises.

— Il est très gravement malade, dit le religieux, une fièvre pernicieuse. »

L’Aiglon comprenait un peu, le père parlait doucement distinctement, soulignant ses paroles par des gestes expressifs.

— Mais toi, bredouilla l’enfant dans son français bizarre, toi pas venir avec nous ?

— Je reste pour soigner notre chef, mais je te reverrai bientôt… dès qu’il sera rétabli.

— Tu restes seul avec lui ?

— Nous gardons quatre Indiens.

— Tu lui diras, père, que le fils de l’Aigle est triste de le savoir malade — qu’il va souhaiter chaque jour le voir revenir nous rejoindre. (Après maintes difficultés, l’adolescent avait fini par se faire comprendre.)

— Je lui dirai. Et maintenant, petit Aiglon, n’oublie pas ton français — une phrase nouvelle chaque jour !

— Hé, chef Tonty, me la dira !

— Pars, maintenant, Dieu te protège, jeune Illinois blanc, fit le religieux… je compte te retrouver bientôt et plus tard, faire de toi…

— Un guerrier ! interrompit l’Aiglon.

— Un chrétien, plutôt », murmura le prêtre, traçant sur le front pur de l’adolescent le signe de la croix.