« Sois le bienvenu parmi nous, jeune Aiglon Blanc ! disait quelqu’un. »
C’était Henri de Tonty.
Heureux de trouver enfin quelqu’un qu’il pouvait comprendre, l’adolescent se rapprocha vivement.
« Merci, dit-il, portant la main à son front, et puisque Nika n’est pas ici à ce moment, veux-tu, chef Visage-Pâle, dire à tes compatriotes que le fils du chef Aquinatepin, le grand Aigle, les remercie de leur accueil ?
— Je vais leur dire, répondit Tonty. Et il répéta en français les paroles de l’Aiglon.
— Nous avons partagé ton chagrin, mon garçon, dit Tonty avec bonté.
— Hé, j’ai eu de la peine, mais j’ai trouvé un bon ami !
— Nous aussi, si tu le veux, nous serons tes amis !
— L’Aiglon le veut sûrement ; pourquoi chef La Salle ne peut-il me parler comme toi ?
— C’est qu’il ne sait pas ta langue, mais tu apprendras la nôtre bien vite !
— Hé, je le voudrais… l’Aiglon désire tant lui parler !
— Que voudrais-tu lui dire, à chef La Salle ?
— Que Nika m’a raconté ses merveilleux exploits et que le fils de l’Aigle est fier de l’avoir pour chef !
— Alors, répète, après moi, ces quelques mots ! »
Après trois essais, l’Aiglon avait réussi à prononcer en français, sa phrase indienne.
La Salle se rapprochait à ce moment ; le gamin, tout fier de parler directement à l’explorateur, débita, sans hésiter, ses premières paroles françaises…
« Bravo ! Bravo ! s’écrièrent les Français, tandis que La Salle, amusé, disait à Tonty :
— Votre disciple apprend à pas de géant ! J’ai ici un couteau de chasse qui pourrait lui faire plaisir ; dites-lui que nous le lui offrons en signe d’amitié. »