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l’aiglon blanc des illinois

L’Aiglon porta vivement la main à son front et regarda le Français ; celui-ci sourit, lui fit un signe amical et conseilla à Nika de faire déjeuner son pupille.

Le jeune Illinois noua connaissance avec les Indiens, dont la plupart parlaient un peu sa langue ; il partagea leur repas, mangeant de grand appétit. Puis, tandis que le guide vaquait à ses occupations, le petit étranger s’amusa avec les autres enfants sauvages, tous plus jeunes que lui. Il leur apprit des tours et commença à leur enseigner l’art de grimper comme les petits singes de la jungle.

Soudain, l’Aiglon vit venir vers eux celui dont le costume l’avait si fort intrigué, le matin même. Les petits Indiens semblaient ne pas le craindre du tout.

« Qui est-il, celui-là ? souffla l’Aiglon à une squaw.

— C’est le père.

— Le père de qui ?

— Le père, c’est son nom ! C’est lui qui parle au manitou des Blancs.

— Parle-t-il comme nous ?

— Non, il parle huron ou français.

— Comme chef La Salle, alors ?

— Hé, comme lui. »

Celui qui s’approchait était le père Membré.

« Bonjour, mes enfants, dit-il ; vous avez un nouveau camarade ! »

(Les petits Indiens comprenaient déjà le français.)

« Bonjour, père, bredouilla l’un d’eux ; nouveau être Aiglon Blanc, lui être Illinois, continua le petit cuivré en désignant du doigt le fils de l’Aigle. »

Le père le regarda et lui fit signe d’approcher, mais l’Aiglon ne bougea pas ; il regarda le prêtre d’un air douteux, lui trouvant un aspect étrange ; puis, se retournant, il s’éloigna sans parler. À ce moment, il aperçut le chasseur, un peu plus loin ; pour le rejoindre plus vite, il s’élança dans un arbre, enjamba plusieurs branches, sauta dans un arbre