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l’aiglon blanc des illinois

yeux ce camp français qui lui était inconnu. Il vit des Indiens, des squaws, quelques enfants ; plus loin, des huttes encore fermées, puis quelques Visages-Pâles qui semblaient fort affairés. Un seul ne paraissait pas occupé ; celui-ci avait une mine qui étonnait le gamin.

« Les Visages-Pâles, se dit-il, portent, c’est vrai, d’étranges couvertures, mais jamais je n’ai rien vu comme celui-ci ! »

Celui que regardait, du haut de son arbre, le nouvel arrivé au camp, était vêtu d’une longue tunique brune retenue à la taille par une ceinture de corde, d’où tombait, du côté gauche, une enfilade de petites pierres brunes et rondes, reliées ensemble comme un grand collier ; cet homme marchait dans l’herbe humide de rosée et semblait parler tout seul, tandis que sa main glissait sur les grains bruns à son côté… L’Aiglon lui trouva un air mystérieux, différent des autres Blancs… ces vêtements flottants… n’était-ce pas ceux dont s’affublaient les sorciers malfaisants ? Soudain, il vit Nika qui sortait d’une hutte à la suite d’un Visage-Pâle ; c’était celui qui était venu chez son père ; il se rappelait son nom : chef La Salle ! Si Nika pouvait venir du côté de son arbre, il l’appellerait, car il ne savait où aller pour manger, et la faim le tourmentait…

À ce moment, le chasseur se tourna vers lui, leva la tête et l’aperçut soudain ; il l’indiqua à La Salle.

« Mais oui, s’écria celui-ci, je l’aperçois là-haut ! Bonjour, jeune grimpeur », lui cria-t-il.

Sans comprendre ce qu’on lui disait, l’Aiglon crut qu’il ferait bien de descendre et vif comme l’éclair, il enjamba plusieurs branches et se laissa choir tout près du guide et de l’explorateur, au grand amusement de ce dernier.

« Es-tu bien reposé, mon gars ? fit le chasseur.

— Hé, j’ai dormi, j’ai faim !

— Tu vas manger. Il faut saluer chef La Salle ; c’est ton chef maintenant, comme à nous ! »