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l’aiglon blanc des illinois

tant sur ses doigts, je me trouvais de passage en ce pays et je me rendis à la nouvelle demeure du chef illinois. La Taupine, non plus malade, mais triste, silencieuse, ne me reconnut pas ; elle semblait avoir perdu la mémoire ; son fils était mort en naissant, mais elle n’en savait rien… conseillé par un loki, l’Aigle avait appris à sa femme que le Génie des airs avait pris son fils pour quelque temps, mais qu’il allait le lui rendre bientôt ! Persuadée qu’on lui disait la vérité, la pauvre femme attendait avec anxiété le retour de son fils…

« L’Aigle sortit avec moi et m’expliqua la déception :

« À la naissance du papoose, la mère avait toute sa mémoire, mais elle devint faible et fut dans le délire pendant quelques jours ; durant ce temps, le petit était mort, mais, pour sauver la mère, le loki inventa cette fable. Si on lui mettait un enfant dans les bras, lui disant que c’est le sien, je suis convaincu que sa mémoire reviendrait… toi, Nika, tu pourrais bien m’en trouver, un papoose ?[1]

« — Moi ? dis-je, je n’en sais rien… peut-être…

« Il insista, invoqua notre longue amitié, la vie, la raison de sa femme… enfin je promis d’essayer !

« Le même soir, je quittais le pays et quelques semaines plus tard, je me trouvai sur les confins de la région des Sioux. Là aussi, j’ai des amis ; je restai quelques jours avec eux et je repartis ; je repris la route à travers les forêts ; c’était le printemps, les jours devenaient longs. Vers l’heure du couchant, je m’arrêtai pour manger… j’entendis, non loin de moi des cris, des pleurs… je me mis à la recherche de l’endroit d’où provenaient les sons, et je découvris une cache… là-dedans un Sioux et un papoose ! Le Sioux était couché, semblant sous l’influence de l’eau-de-feu ;[2] le mioche, étendu sur le dos, criait toujours ! c’était un garçon ; il criait sans doute de faim, car il semblait bien portant. J’a-

  1. Bébé indien.
  2. Eau-de-vie.