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l’aiglon blanc des illinois

— Mon fils m’a dit que tu étais un Français ; dans mes voyages avec mon ami huron Kondiaronk, j’ai jadis rencontré Ononthio Frontenac !

— L’Aiglon a bien grandi depuis ma dernière visite, dit Nika, s’adressant à l’Indienne dans l’idiome du pays.

— Hé, fit celle-ci, avec orgueil, il sera grand comme son père et leste comme son parrain le Génie des airs !

— C’est vrai, son agilité est extraordinaire », dit le Chaouanon.

Tandis que La Salle conversait avec l’Aigle, dans le langage imagé des Hurons, il observait avec intérêt l’intérieur de la hutte. Celle-ci contenait deux feux, mais la famille de l’Aigle l’occupait seule. L’entrée était l’unique voie par laquelle pouvaient pénétrer l’air et la lumière ; de solides perches de bois soutenaient la toiture ; des peaux de buffle couvraient le plancher de terre durcie ; des armes rustiques : lances, harpons, arcs, haches, ornaient les murs ; au-dessus du lit de l’Indien, une toute petite sculpture de bois représentait, comme au totem, un aigle aux ailes ouvertes. L’Illinois, lui-même était un colosse : son air un peu hautain, ses traits accentués, sa longue chevelure toute blanche, lui conféraient un air de noblesse, un aspect vraiment patriarcal : il semblait heureux de causer avec le Français, rappelant le souvenir de ses voyages passés… mais, soudain, sa figure cuivrée pâlit, il cessa subitement de parler et une contraction violente agita ses membres… la convulsion passée, son visage devint un peu déformé, ses yeux, fixes d’abord, se fermèrent… tout ceci n’avait duré que quelques moments.

« Vois donc, dit en français, Cavelier au chasseur, il semble rigide et inconscient ! »

Mais l’Indienne, saisissant le changement survenu chez le malade, se précipita vers lui… il ouvrit les yeux :

« Aiglon Blanc, » murmura-t-il.

Déjà Nika avait appelé l’enfant et celui-ci arrivait surpris, désolé.