« Hé, petit Aiglon, tu te perches toujours comme les oiseaux ! N’aimes-tu pas à fouler la terre ?
— Sans doute, mais ça va si vite en passant par les branches !
— Tu es agile, mon garçon », fit La Salle en langue huronne.
L’Aiglon ne comprenant pas, Nika dut servir d’interprète :
« Le Visage-Pâle me fait honneur répondit l’Aiglon, regardant La Salle sans méfiance, je gage que ses fils peuvent en faire autant ! »
Cavelier sourit sans répondre.
« Comment va l’Aigle du Rocher, ce matin ? » dit Nika.
Comme la veille, la figure de l’adolescent s’assombrit :
« Le loki[1] est venu deux fois, dit-il ; la morsure du serpent a causé des ravages.
— Pouvons-nous le voir ?
— Hé[2], il t’attend ; le Visage-Pâle sera aussi le bienvenu.
— Va nous annoncer, mon gars », fit le chasseur.
L’Aiglon partit en courant et revint presque aussitôt :
« Venez », dit-il.
Suivi de Nika, Cavelier de La Salle pénétra à l’intérieur du logis : sur un grand lit de branches, un Indien reposait, à demi couché ; près de lui se tenait une squaw[3], immobile et attentive.
« Étranger, je te salue, fit le malade, portant la main à son front, et toi Nika, mon ami ; soyez tous deux les bienvenus chez l’Aigle du Rocher qui ne peut se lever pour vous accueillir !
— Tu connais donc la langue huronne, Grand Aigle, tu t’es douté que je la connaissais aussi !