IV
La découverte
L’indomptable énergie de Cavelier de La Salle ne s’était jamais amoindrie, malgré les périls, les défections, les misères et les obstacles incroyables qu’il avait rencontrés ; la pénurie d’argent avait causé bien des retards, et de nombreuses injustices étaient venues accroître les difficultés qui se dressaient sur ses pas, mais jamais l’explorateur n’avait senti faiblir son courage, il surmontait obstinément toutes les difficultés. Fort de sa conviction, il était parti des Chutes Saint-Antoine, avec une quinzaine de compagnons, et devait en rejoindre d’autres, Français et Indiens, à son arrivée au fort Miami. Le voyage, commencé à l’automne, se poursuivit à travers des cours d’eaux immobilisés par la glace, la terre était partout blanche de neige, mais rien ne décourageait les hardis explorateurs. Chaussés de raquettes, ils marchaient bravement, tirant après eux des traîneaux improvisés sur lesquels ils avaient entassé provisions et bagages, et placé les canots dont ils espéraient bientôt se servir.
Ils atteignirent le fort Miami en décembre, y trouvèrent les compagnons convenus et un guide de la nation des Chaouanons. Après quelques jours de repos, ils se mirent de nouveau en route ; traversant la rivière Chicago, ils descendirent en longue caravane un des bras congelés de la rivière Illinois, arrivant au bourg dévasté des Indiens de ce nom. Ce village, jadis populeux, était désert, portant les traces de la dévastation iroquoise… pas un wigwam intact, pas un Indien à perte de vue… À partir de cet endroit, les voyageurs purent prendre les canots et ils suivirent le cours de la grande rivière Illinois, libérée de glaces. Au début de février, ils avaient atteint le Mississipi.