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l’aiglon blanc des illinois

avait conservé certains droits et y revenait toujours, son logis temporaire étant soit le fort, ou une maison qu’il occupait provisoirement et où il recevait les hommes qui désiraient s’engager pour faire partie de ses expéditions.

« Quels braves gens que ces Barbier, chez qui nous sommes arrêtés, dit l’officier ; ce colon n’a pas même accepté de paiement pour avoir réparé la sangle… vos censitaires, n’est-ce pas ?

— Oh, censitaires… j’en ai si peu ! Mais ces colons, braves gens, en effet ! La femme m’a paru triste, cependant, tandis que je lui parlais de ses enfants.

— Je connais la cause de sa tristesse… vous avez vu le bambin ?

— Oui, et cette jolie fillette à qui nous avons parlé en arrivant.

— Eh bien, il y a quatre ans, cette maison comptait trois enfants : la petite fille et deux garçons jumeaux… un soir d’automne, un des bébés fut enlevé du berceau où il dormait avec son frère… les parents sont convaincus que les ravisseurs étaient des Indiens… les Iroquois sont si perfides ! Le pauvre Barbier avait des larmes dans la voix en me racontant ce malheur !

— Je m’explique l’émotion de la mère… n’a-t-on jamais trouvé d’indices ?

— Jamais, m’a-t-il dit ; de longues recherches ont été faites, rien n’a été découvert !

— Quels démons que ces peaux-rouges ! J’en verrai de toutes les couleurs à mon voyage !

— Depuis quand êtes-vous en Nouvelle-France, de La Salle ? continua l’officier, vous semblez tellement jeune !

— Depuis huit ans ; j’avais vingt-trois ans lorsque je débarquai en ce pays en 1666. Mais dans cet intervalle je suis retourné en France dans l’intérêt de mes expéditions.

— Vous partez toujours dans deux semaines ?

— Toujours ! Il me tarde d’être en route ! Mais il me faut attendre des compagnons et il y a une foule de détails