Page:Maxine - L'Aiglon Blanc des Illinois, 1938.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
l’aiglon blanc des illinois

— Lui-même ; ces messieurs s’y rendent justement. L’officier m’a dit que monsieur de La Salle s’en va bientôt courir le pays pour y chercher des aventures !

— S’il veut des aventures, il n’a qu’à rester dans sa seigneurie, les Iroquois en connaissant le chemin !

— Il ne songe pas aux Iroquois ; l’officier prétend qu’il veut trouver un passage pour arriver jusqu’à la Chine, en se dirigeant par voie des grands pays de l’ouest.

— Quelle idée bizarre !

Il croit, paraît-il, qu’en suivant le cours d’une rivière découverte récemment par le père Marquette et un nommé Joliet, de Québec, (le fleuve Colbert, a-t-il dit) il trouvera un passage pour aboutir en Chine !

— Est-ce chose possible ?

— Dame, qui sait ? Le gouverneur Frontenac favorise l’expédition projetée, mais (toujours d’après l’officier) les gens ne croient pas à la possibilité de la chose, trouvent l’idée de La Salle ridicule, à tel point, que, par dérision, ils ont donné à sa seigneurie le nom de « Lachine » ; à Ville-Marie, on ne la désigne plus autrement !

— Le fleuve Colbert, as-tu dit ?

— Oui, mais les Indiens l’appellent le Mississipi.

— Monsieur de La Salle est un homme poli et réservé, dit Marguerite, il semble très sérieux… rien d’un hâbleur. Il en sait probablement plus long que ceux qui s’amusent à le railler !

— Probablement, fit le colon, en haussant les épaules, n’empêche que voici notre petite maison sur les confins de la Chine… mais, heureusement, pas la Chine des Chinois ! »

Tandis que les époux Barbier échangeaient leurs impressions au sujet des visiteurs, ceux-ci avaient rapidement continué leur route et moins d’une demi-heure plus tard, ils arrivaient à destination.

Cavelier de La Salle n’avait plus, à cette époque, la propriété complète de la seigneurie de Saint-Sulpice, mais il y