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l’aiglon blanc des illinois

protecteurs de son adolescence avaient été assassinés au Texas. Henri de Tonty seul avait pu retourner en France.

Les jours n’étaient pas assez longs pour la famille réunie. De part et d’autre on avait tant de choses à raconter. Francine, ravie de la grande nouvelle, annonçait son arrivée prochaine.

« Que de travaux je vais pouvoir entreprendre, maintenant, avec deux grands garçons pour m’aider ! disait Nicolas.

— Plus d’obstacles insurmontables, non plus, déclarait Pierre, en riant, à cause de l’agilité du Génie des airs ! »

« Maman, dit l’Aiglon un jour, est-ce que ça te chagrine que je garde un si bon souvenir de mon père adoptif, le Grand Aigle ?

— Non, bien sûr, cher enfant ; c’est l’Iroquois qui t’a enlevé que nous avons lieu de honnir !

— Ce chef illinois, dit le père, je respecte sa mémoire ; il t’a sauvé d’un sort infiniment plus triste et plus misérable ; il t’a aimé, protégé, sa femme te croyait vraiment son fils… Et Nika, le chasseur chaouanon, n’a fait que te prendre à ton second ravisseur pour te donner à de bons parents adoptifs… Je serai toujours reconnaissant à ce chef indien pour la manière dont il a pris soin de toi !

— Oui, dit Pierre, il t’a élevé à être franc et intrépide.

— Et à défendre les pauvres filles attaquées par les Iroquois, fit Marilou.

— De toute cette épopée merveilleuse de notre cher fils, dit Marguerite, il reste un fait saillant : il ne faut jamais perdre confiance en la bonté de Dieu !

— C’est vrai, dit gravement Nicolas, ne l’oublions jamais ! »


C’est l’hiver à Lachine ; le pauvre village dévasté commence à renaître de ses cendres. Voici le matin du premier