L’Aiglon ouvrit les yeux et dit faiblement :
« Je suis l’Aiglon Blanc, fils du Grand Aigle, chef illi… » Mais ses forces le trahirent, il ferma de nouveau les yeux et murmura : « Dans ma ceinture… une enveloppe… » Il ne put continuer, de nouveau il avait perdu connaissance.
Le soir de la sanglante incursion iroquoise, la famille Barbier était restée assez tard dehors, à cause de la chaleur écrasante qui précéda l’orage. Nicolas et Pierre restèrent à fumer même après que Marguerite et Marilou fussent entrées pour regagner leurs chambres. (La maison avait, depuis quelques années, été agrandie et entourée d’une véranda.) Francine manquait maintenant au foyer paternel ; elle avait épousé un militaire et demeurait à Québec.
Pierre et son père étaient entrés depuis environ une heure lorsque l’orage éclata avec des roulements de tonnerre. Nicolas fit le tour des fenêtres, et c’est alors qu’il aperçut celui qui venait l’avertir du danger.
Aux paroles de cet ami inconnu, la famille s’était cachée dans une cave, sous la cuisine ; croyant Marilou avec son père et sa mère (la cave était dans l’obscurité complète), Pierre avait refermé la trappe. En entendant ses cris de détresse, il voulut aller à son secours, mais les assaillants avaient poussé les meubles dans la pièce et la trappe fut impossible à soulever.
Puis le silence fit craindre un malheur… mais il y eut encore des piétinements, puis des meubles repoussés, puis le silence encore, et la trappe de la cave put s’entr’ouvrir sous la main de Pierre…
Il vit Marilou, blanche comme un drap, s’appuyant, défaillante, au mur de la chambre… Deux Indiens, non loin d’elle, gisaient par terre, sans mouvement…
Pierre saisit la jeune fille dans ses bras et la porta dans la cave, refermant complètement la trappe. Longtemps on