XVI
L’enveloppe de cuir
Lorsque l’Aiglon ouvrit les yeux, il faisait grand jour ; il était couché sur un lit et plusieurs personnes le regardaient avec anxiété.
Sa tête lui faisait très mal ; il ferma de nouveau les yeux, mais il entendait ce qui se disait autour de lui.
« Bien sûr, il parle français, dit une voix d’homme ; le brave garçon est venu nous mettre en garde, juste à temps ! Grâce à lui, nous avons tous la vie sauve ! Et tu dis, Marilou, qu’il faisait partie des tueurs ?
— Il était avec eux, je crois ; mais quand le démon rouge m’a saisie, celui-ci a sauté dessus et l’a étranglé pour l’empêcher de me tuer ?
— Ce n’est certainement pas un ennemi, fit une voix douce. Comme sa peau est fine et blanche ! Et il n’a pas de bariolages rouges et jaunes sur la figure !
— Et cette petite moustache, reprit une jeune voix masculine, ça semble étrange chez un Indien !
— Va-t-il mourir, papa Nicol ? fit une voix inquiète.
— Je n’en sais rien, je ne crois pas ; mais il a reçu un rude coup à la tête ; il est inconscient depuis près de quarante-huit heures !
— Dame, la bûche était lourde ! Je l’ai lancée à ma force pour arrêter le couteau de l’Iroquois, mais je ne voulais pas frapper celui-ci, qui venait de me sauver ! »
L’Aiglon, dans sa faiblesse, voulait pourtant leur expliquer sa conduite ; il leva le bras, essaya de parler…
« Ciel ! s’écria une voix, regarde, Nicolas ! Regarde ! Sur son bras droit, au-dessus du coude… ce signe rouge…
— Qui es-tu ? fit alors une voix tremblante d’émotion, tandis qu’un homme à cheveux blancs se penchait sur lui, qui es-tu, toi qui es venu nous sauver de la hache de l’Iroquois ? »