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l’aiglon blanc des illinois

sinistre retentit ; c’était le signal du massacre qui se mêlait aux grondements du tonnerre… À la lueur des éclairs et aussi de leurs torches, les hordes de barbares, avides de sang, se ruaient dans les maisons… L’Aiglon vit bien qu’il était trop tard… Que pouvait-il, seul contre près de quatorze cents guerriers ! Mais les Français de cette maison, il pourrait peut-être leur aider à se défendre, à fuir ? Il pénétra à l’intérieur à la suite des bandits.

« Personne ici ! dit-il, pour les tromper, allons ailleurs !

— Ailleurs, ailleurs ! crièrent les Iroquois, allons où il y a du monde… Mets le feu, l’Aiglon, jeta le chef en sortant, et viens vite nous rejoindre !

— Hé, cria celui-ci, allez, laissez-moi ce qu’il faut, ça ne sera pas long ! »

Ils partirent en courant, hurlant de joie féroce, laissant à l’Aiglon une torche incendiaire.

Tout à coup, celui-ci entendit un cri de victoire, suivi d’un gémissement de détresse… Un Iroquois, resté pour aider à l’incendie, venait de découvrir une proie dans le haut de la maison et il descendait l’escalier, la traînant par les cheveux. L’Aiglon fonça sur lui, le jeta par terre, et le tint immobile, tandis que la victime se débattait, incapable de se libérer de l’étreinte du Peau-Rouge, car celui-ci, lâchant sa chevelure, lui avait pris le bras et le tenait serré comme dans un étau. Mais l’Aiglon saisit son adversaire à la gorge et, resserrant ses doigts nerveux, le tint à demi étouffé.

« Sauve-toi, je le tiens ! » dit-il en français.

Les doigts cuivrés relâchèrent leur proie, et la Française put s’échapper. Mais le désespoir de cette strangulation décupla les dernières forces de l’Iroquois, et il saisit son couteau pour le plonger dans le cœur de l’Aiglon, lorsque, tout à coup, une lourde bûche de bois, lancée sur eux avec force, immobilisa les lutteurs : le couteau meurtrier tomba des mains de l’Iroquois expirant, et l’Aiglon, frappé à la tête, tomba à la renverse et ne bougea plus…