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l’aiglon blanc des illinois

de lui, Francine jouait dans l’herbe jaunissante ; les jumeaux, enveloppés de leurs châles de laine, dormaient dans le berceau, et Marguerite achevait de laver et de ranger la vaisselle du repas… Soudain, la fillette tomba, et jeta un cri de douleur ; elle s’était meurtri le genou sur une roche ; la maman se précipita dehors, mais le père avait déjà pris la petite dans ses bras ; ensemble, les parents purent constater que la blessure n’avait rien de grave, et deux bons baisers eurent bientôt raison de ses larmes.

Marguerite rentra dans la maison et reprit sa besogne ; au bout de quelques minutes, elle se retourna et jeta un coup d’œil sur le berceau… stupéfaite, elle cria de toutes ses forces :

« Nicolas ! Nicolas ! »

Le mari, étonné, parut aussitôt.

« Quoi donc ? fit-il.

— Mon bébé, mon Nicol… où est-il ? »

Le colon s’approcha du berceau… un seul bébé y dormait, les petits poings fermés…

« Mon bébé ! Mon bébé ! gémissait la mère éperdue, qui donc a pu me le prendre ?

— Les méchants sauvages, peut-être ? dit Francine en tremblant.

— L’enfant a raison, dit gravement Nicolas, c’est un coup des Iroquois !

— Mais par où sont-ils entrés ? Nous étions ici tous les deux ! » s’écria la pauvre mère en pleurant.

Nicolas faisait le tour de la pièce, regardant de tous côtés ; la porte de la chambre à coucher était ouverte ; il courut à la fenêtre, ouverte aussi… Là, sur le plancher gisait une chaussette minuscule… le père s’en empara, et découvrit ensuite, s’attachant à la boiserie assez rude de la croisée, quelques brins de laine blanche… Le rapt était manifeste !