ment ni aux jeunes Iroquoises qu’il voyait dans son village, ni à celle qui avait bercé son enfance et qu’il appelait sa mère… Ah ! comme il se reprochait ces pensées déloyales qui l’obsédaient !
Personne autour de lui ne se doutait du travail intérieur qui se poursuivait derrière le beau front de l’Aiglon Blanc. Ses camarades l’aimaient bien, le craignaient un peu ; étant superstitieux, ils attribuaient au Génie des airs sa force et son agilité, et se gardaient d’encourir sa colère. Les anciens l’admiraient et comptaient bien qu’il allait rester dans la tribu, décidés, même, à le créer plus tard leur chef, afin de l’empêcher de les quitter.
Le nouveau chef n’était pas aimé, mais on le craignait. Poursuivant ses ambitions cruelles, il venait de se liguer avec ses voisins, les Iroquois onontagués, et l’on avait décidé l’extermination des Visages-Pâles ; en plusieurs descentes concertées et soudaines, on irait les massacrer et brûler leurs villages…
On convoqua une grande assemblée et des discours enflammés allumèrent chez ces barbares une fureur sanguinaire ; on offrit des sacrifices à Agrescoué[1], on leva la hache de guerre, on dansa autour d’un grand feu, on entonna des chants de carnage… L’attaque fut décidée pour les premiers jours des moissons[2]. On se réunirait deux jours à l’avance, pour fixer les derniers détails !
L’Aiglon était atterré… Les Visages-Pâles, les Français… ses amis ! Ah non ! Il ne se joindrait pas à leurs ennemis ! Ses années de captivité sur parole allaient finir… il partirait, il irait avertir les Blancs de l’attaque projetée ! Mais, où irait-il ? Il ne savait pas où les Iroquois allaient se lancer ! Alors, il fallait user de ruse, feindre de partager les idées de la tribu afin de connaître leurs projets… C’était la seule manière d’enrayer, si possible, leurs plans diaboliques !
Le lendemain, ses amis vinrent le chercher pour la réu-