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XV

Lachine


L’Iroquoise Katéri, une cousine du brave et illustre Garakontié, se montra vraiment bonne pour cet adolescent que le sort lui avait envoyé. Elle s’y attacha bientôt, voyant son intelligence et sa franchise ; elle ne se lassait pas d’admirer sa force, sa belle apparence : « Le Génie des airs le protège, celui-là, se disait-elle, nul malheur ne saurait l’atteindre. »

L’Aiglon, très malheureux au début, finit par se faire à cette existence en pays iroquois ; il se prit d’une certaine affection pour cette femme qui s’occupait si bien de lui et qui lui rappelait un peu le souvenir de sa mère illinoise ; il lui en parlait parfois, et aussi de l’Aigle, et de leur hutte en pays lointain, dont un totem gardait l’entrée ; il lui dépeignait les arbres géants et les fleurs éclatantes de ce pays sans neige… Il songeait bien souvent à ses amis de Saint-Louis des Illinois, et Katéri s’intéressait à tout ce passé de son fils adoptif ; il lui décrivait le fort et l’immense rocher, lui parlait de chef La Salle, de Tonty à la main de fer, de Nika son protecteur et aussi du bon père Membré. Son cœur était plein d’affection et d’attachement pour ces amis d’hier dont il devinait l’anxiété à son sujet, mais il n’avait pas quatorze ans… On ne peut rester toujours triste à cet âge… Alors, il adopta peu à peu les habitudes de la tribu des Onéidas, se fit des jeunes amis et partagea leurs plaisirs et leurs jeux, continua à faire des prodiges d’agilité, et, en somme, n’était pas trop malheureux. Il avait acquis la certitude que la dévastation du pays des Illinois avait été l’œuvre de trois nations iroquoises : les Agniers, les Onontagués et les Sénécas, et ceci avait grandement contribué à lui faire accepter la vie chez les Onéidas, qui n’avaient pas pris part aux attaques contre l’Aigle.