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plus vieux, et fatigué surtout par une vie déréglée. César en rageait, trouvait chaque fois des excuses à sa défaite, affirmait qu’il prendrait sa revanche la fois d’après. Si grande était son humiliation, qu’il lui arrivait, après ces rudes leçons, de se remettre à l’entraînement, de vouloir à toute force retrouver « sa forme ». Et, pendant quelques jours, on le voyait, tôt le matin, courir sur la route, tenter des quatre cents et des huit cents mètres, soulever des poids de fonte, sauter à la corde, et lancer de longs bâtons en guise de javelots. Il ne buvait plus que de l’eau, il ne fumait plus. Sa femme en était émerveillée et ravie.

Mais cela ne durait jamais. César, malgré son entêtement, sentait vite qu’il était trop tard, qu’on ne ressuscite pas une machine encrassée, rouillée par les noces et le dérèglement. Il n’avait plus de souffle. Son cœur palpitait désespérément dans sa poitrine après cent mètres de course à pied. Des crampes et des courbatures lui faisaient craquer les membres et les jointures. Il en pleurait de rage, il s’injuriait, raillait sa propre carcasse, se traitait en dérision. Et, vaincu, il retournait à son laisser-aller veule, il faisait la noce pendant trois ou quatre jours de suite. Le César cynique et désabusé reparaissait.