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la maison dans la dune

senti. Et il crut que c’était fini, qu’il allait mourir là, tout de suite. Il toucha son visage, le sentit ruisselant, ne put se rendre compte si c’étaient des larmes ou de la sueur. Et il s’épouvanta, il eut peur de la mort.

Longtemps, il resta là, allongé sur le sol, concentrant ses forces, maîtrisant le vertige intolérable où sa tête était emportée. Et, lentement, il reprit la maîtrise de lui-même, il retrouva encore la conscience lucide des choses. Une pensée lui revint, le rassura. Il se souvint de ce que lui avait dit une fois un marin qu’on avait tiré sans connaissance de la mer. « Moi, disait cet homme, je sais ce que c’est d’étre mort. Et ce n’est rien du tout. Quand on va mourir, qu’on est réellement à bout, ça ne vous fait plus rien. On est plutôt content, parce que c’est fini. » Sylvain s’interrogea, sentit dans tout son être un soulèvement, une révolte, une horreur innommable devant l’anéantissement. Et il se réjouit de cette volonté de vivre, encore ferme en lui.

Doucement, pour ne pas réveiller une douleur trop vive, il glissa sa main sous sa veste, ouvrit la boucle de son pantalon, passa ses doigts sous sa chemise, et, avec d’infinies précautions, palpa son ventre tout englué de sang. Il eut un frisson en atteignant la plaie