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la maison dans la dune

veille, il avait amené le chien. Le patron lui expliqua qu’il avait laché l’animal vers dix heures du soir, comme d’habitude. Il lui montra la route par où était partie la bête, tués gaillarde sous son fardeau.

Sylvain n’avait pas de raison de suspecter l’homme. Depuis toujours, ils travaillaient ensemble. Et puis, Tom était connu pour son humeur. Ce n’était pas un chien qu’un nouveau maître pourrait aisément domestiquer. Le marchand n’avait pu penser à le cacher pour le revendre.

Sylvain se fit donc clairement expliquer le chemin qu’avait pris Tom. Et il reprit son vélo, s’en alla dans cette direction.

Il quitta le hameau, s’enfonça dans la campagne, suivit d’étroits sentiers limitant les champs. D’instinct, il se dirigeait vers la frontière, sans un repère. Il tâchait seulement de deviner la route qu’avait dû préférer Tom. Et il revenait souvent sur ses pas, pour ne pas négliger un coin de route par où le chien avait peut-être passé.

Il franchit la frontière sans s’en apercevoir, dans cette plaine plate et nue, aussi vide que la voûte immense du ciel qui la couvrait. C’étaient ce qu’on appelle ici les « moers », terre conquise lentement par les hommes sur