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la maison dans la dune

s’arrêtait quelques secondes, faisait semblant de rattacher sa jarretière au-dessus de son genou. Puis elle continuait sa marche.

Mais cela avait suffi. Germaine savait que la visiteuse était là. Elle ne risquait pas l’aventure. Elle faisait demi-tour, rapportait le tabac dans la petite épicerie où elle se fournissait, et attendait un jour plus favorable.

Si la compagne s’éloignait sans avoir fait le signe convenu, Germaine, à son tour, passait la frontière.

Elle était jolie femme, de cette race lourde et bien en chair que les gens du peuple recherchent. Et elle savait user de cette force. Elle saluait les douaniers d’un bonjour tout souriant. Elle répondait gaillardement aux plaisanteries galantes des plus hardis. Elle rabattait d’une tape énergique, mais point effarouchée, la main téméraire qui se risquait vers ses charmes, sans se douter qu’ils étaient de contrebande. Et elle passait ainsi tranquillement ses trois kilos de tabac a chaque voyage.

Il lui arriva deux ou trois fois de tomber sur un douanier plus sévère, qui, voulant faire du zèle, et s’étonnant de l’opulence de cette poitrine, parlait de la fouiller. Mais Germaine connaissait le rôle à jouer, en cette