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la maison dans la dune

placette ombragée qui formait terrasses devant l’auberge. Il alla s’asseoir à la même place que la première fois. Et, sans impatience, il attendit, emplissant ses yeux de toute cette verdure, retrouvant, avec un bonheur singulier dans l’âme, les souvenirs, les émotions discrètes et pleines de charme de sa première visite.

Sur le plancher du cabaret, un pas sonna. Sylvain ne se retournait pas, attendait.

Et soudain, il vit devant lui une petite vieille femme aux cheveux tout blancs, au visage rouge mais frais, aux yeux noirs et vifs, qui le regardait.

— Vous désirez, monsieur ? demanda-t-elle.

— Un verre de bière, madame.

La vieille femme disparut. Sylvain, un peu déçu, devina que c’était là la fameuse tante.

— Je suis entré par derrière, madame, dit-il quand elle lui apporta sa chope. Je ne trouvais plus mon chemin. Et j’ai vu un vieil homme, qui ne m’a pas entendu.

La vieille femme eut un sourire.

— C’est mon mari. Il est sourd. Et moi, je ne vois plus clair. Nous sommes bien ensemble, vous voyez.

— Il a l’air âgé.