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Essais de sociologie


II. DIVISION DES PHÉNOMÈNES GÉNÉRAUX

Ils se divisent donc naturellement en phénomènes généraux spéciaux à une société : constitution, frontières, nombres, vie, mort, etc., phénomènes que l’on peut appeler nationaux ; et en phénomènes généraux, communs à plusieurs sociétés : guerre, commerce extérieur, civilisation, etc. On peut les appeler internationaux.

Cette division peut être recoupée par une autre, applicable d’ailleurs à tous les phénomènes sociaux : on peut diviser les phénomènes généraux en morphologiques et en physiologiques.

Nous n’insisterons pas grandement sur cette division parce que nous ne la suivrons pas avec rigueur, et nous ne la mentionnons que pour expliquer trois lacunes que nous allons laisser dans notre plan. Suivi de façon rigide, il nous aurait obligé à indiquer ici et non pas dans les parties spéciales qui leur sont consacrées dans la sociologie, trois groupes de faits :

1. Une très grande partie sinon la plus grande des faits morphologiques : autrement dit de démographie et de géographie humaine ;

2. Tous les phénomènes linguistiques ;

3. Tous ceux de la constitution de la structure générale qui forme — et informe — une société définie : autrement dit l’État.

La raison pour laquelle nous ne suivons pas ce plan de sociologie à la lettre tient à l’état actuel de la science. Nous devons nous en expliquer.


1. En ce qui concerne la morphologie sociale, si avec Durkheim, puis d’autres, nous avons heureusement constitué un groupe bien coordonné de recherches, nous y avons cependant introduit une confusion que nous avons évitée ailleurs. En effet, préoccupés de montrer tout ce qu’il y avait de matériel, de quantitatif, de local et de temporel, dans les structures sociales, nous y avons compris non pas simplement des faits de simple anatomie sociale, des descriptions, des répartitions de choses et d’hommes, mais encore des faits physiologiques (courbes, pyramides des âges, division des sexes, courants sociaux et mouvements migratoires, etc.). C’est que nous hésitions à rompre ces unités que