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Essais de sociologie

La tribu est divisée en deux phratries qui contiennent chacune cinq clans. Ces clans se recrutent par voie de descendance exclusivement masculine ; c’est dire que l’organisation proprement totémique, le culte du totem y sont en décadence[1]. Chacun d’eux se subdivise à son tour en sous-clans qui, parfois, se subdivisent eux-mêmes. M. Dorsey ne nous dit pas que ces différents groupes se répartissent toutes les choses de ce monde. Mais si la classification n’est pas et, peut-être même, n’a jamais été réellement exhaustive, certainement elle a dû être, au moins dans le passé, très compréhensive. C’est ce que montre l’étude du seul clan[2] complet qui nous ait été conservé ; c’est le clan des Chatada, qui fait partie de la première phratrie. Nous laisserons de côté les autres qui sont probablement mutilés et qui nous présenteraient, d’ailleurs, les mêmes phénomènes, mais à un moindre degré de complication.

La signification du mot qui sert à désigner ce clan est incertaine ; mais nous avons une liste fort complète des choses qui y sont rapportées. Il comprend quatre sous-clans, eux-mêmes sectionnés[3].

Le premier sous-clan est celui de l’ours noir. Il comprend l’ours noir, le racoon, l’ours grizzly, le porc-épic qui semblent être des totems de sections.

Le deuxième est celui des « gens qui ne mangent pas les petits oiseaux ». De lui dépendent 1. les faucons ; 2. les oiseaux noirs qui eux-mêmes se divisent en oiseaux à têtes blanches, à têtes rouges, à têtes jaunes, à ailes rouges ; 3. les oiseaux noir-gris ou « gens du tonnerre », qui se subdivisent à leur tour en alouettes des prés et poules des prairies ; 4. les chouettes subdivisées elles-mêmes en grandes, petites et moyennes.

  1. En effet, d’une manière générale, là où la filiation est masculine, le culte totémique s’affaiblit et tend à disparaître (voir Durkheim, « La prohibition de l’inceste », Année sociologique, 1, p. 23). En fait, Dorsey mentionne la décadence des cultes totémiques (Siouan Cults, p. 391).
  2. Il nous paraît assez présumable que ce clan a été un clan de l’ours ; c’est en effet, le nom du premier sous-clan. De plus, le clan qui lui correspond dans les autres tribus sioux est un clan de l’ours.
  3. Dorsey pour désigner ces groupements se sert des mots de gentes et de sub-gentes. Il ne nous paraît pas nécessaire d’adopter une expression nouvelle pour désigner les clans à descendance masculine. Ce n’est qu’une espèce du genre.