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Essais de sociologie
  • Au Zénith, les clans du soleil (éteint).
    • de l’aigle.
    • du ciel.
  • Au Nadir, les clans de la grenouille ou du crapaud.
    • du serpent à sonnette.
    • de l’eau.
  • Au Centre, le clan du perroquet macaw qui forme le clan du parfait milieu.

Le rapport entre la répartition des clans et la répartition des êtres suivant les régions apparaîtra comme plus évident encore si l’on rappelle que, d’une manière générale, tous les fois où l’on rencontre des clans différents groupés ensemble de manière à former un tout d’une certaine unité morale, on peut être à peu près assuré qu’ils sont dérivés d’un même clan initial par voie de segmentation. Si donc on applique cette règle au cas des Zuñis, il en résulte qu’il a dû y avoir, dans l’histoire de ce peuple, un moment où chacun des six groupes de trois clans constituait un clan unique, où, par suite, la tribu était divisée en sept clans[1], correspondant exactement aux sept régions. Cette hypothèse, déjà très vraisemblable pour cette raison générale, est d’ailleurs expressément confirmée par un document oral dont l’antiquité est certainement considérable[2]. Nous y trouvons une liste des six grands prêtres qui, dans l’importante confrérie religieuse dite « du couteau », représentent les six groupes de clans. Or, le prêtre, maître du Nord, y est dit le premier dans la race des ours ; celui de l’Ouest, le premier dans la race du coyote ; celui du Sud, premier dans la race du blaireau ; celui de l’Est, premier dans la race du dindon ; celui du dessus, premier dans la race de l’aigle ; celui du dessous, premier dans la race du serpent. Si l’on se reporte au tableau des clans, on verra que les six grands prêtres servent

  1. En comptant le clan du Centre et en admettant qu’il formait dès lors un groupe à part, en dehors des deux phratries de trois clans ; ce qui est douteux.
  2. Le texte est versifié : or les textes versifiés se conservent beaucoup mieux que les textes en prose. Il est certain, d’ailleurs, que, pour une très grande part, les Zuñis avaient, au temps de leur conversion, c’est-à-dire au XVIIIe siècle, une organisation très voisine de celle que M. Cushing a étudiée chez eux. La plupart des confréries et des clans existaient absolument identiques, comme on peut l’établir à l’aide des noms inscrits sur les registres baptismaux de la mission.