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Essais de sociologie

est une de celles où le processus de segmentation s’est poursuivi presque jusqu’à sa plus extrême limite ; car, par suite des changements survenus dans la structure de cette société, tous les obstacles, susceptibles de le contenir, ont disparu. Sous l’influence de causes qui ont été exposées ici même[1], les groupes totémiques des Aruntas ont été amenés très tôt à sortir du cadre naturel qui les tenait primitivement enserrés et qui leur servait, en quelque sorte, d’ossature ; c’est à savoir le cadre de la phratrie. Au lieu de rester strictement localisé dans une moitié déterminée de la tribu, chacun d’eux s’est librement répandu dans toute l’étendue de la société. Devenus ainsi étrangers à l’organisation sociale régulière, tombés presque au rang d’associations privées, ils ont pu se multiplier, s’émietter presque à l’infini.

Cet émiettement dure même encore. Il y a, en effet, des espèces de choses dont le rang dans la hiérarchie totémique est encore incertain, de l’aveu même de Spencer et Gillen : on ne sait si elles sont des totems principaux ou des sous-totems[2]. C’est donc que ces groupes sont encore dans un état mouvant, comme les clans des Wotjoballuk. D’un autre côté, entre des totems actuellement assignés à des clans indépendants, il existe parfois des liens qui témoignent qu’ils ont dû primitivement être classés dans un même clan. C’est le cas de la fleur hakea et du chat sauvage. Ainsi, les marques gravées sur les churingas des hommes du

    souris blanche (p. 300, 301), la semence de gazon (p. 311), le poisson interpitna (p. 316), le serpent coma (p. 317), le faisan natif, une autre espèce de fruit de mandinia (p. 320), le rat jerboa (p. 329), l’étoile du soir (p. 360), le gros lézard, le petit lézard (p. 389), le petit rat (p. 389, 395), la semence alchantwa (p. 390), une autre espèce de petit rat (p. 396), le petit faucon (p. 397), le serpent okranina (p. 399), le dindon sauvage, la pie, la chauve-souris blanche, la petite chauve-souris (p. 401, 404, 406). Il y a encore les clans d’une certaine espèce de semence et du grand scarabée (p. 411), des pigeons inturita (p. 410), de la bête d’eau (p. 414, du faucon (p. 416), de la caille, de la fourmi bouledogue (p. 417), de deux sortes de lézards (p. 439), du wallaby (?) à la queue ongulée (p. 441), d’une autre espèce de fleur hakea (p. 444), de la mouche (p. 546), de l’oiseau cloche (p. 635).

  1. Année sociologique, 5, p. 108, s.
  2. Ainsi Spencer et Gillen ne savent pas au juste si le pigeon des rochers est un totem ou un totem secondaire (cf. p. 410 et 448). De même la valeur totémique des diverses espèces de lézards n’est pas déterminée : ainsi les êtres mythiques qui créèrent les premiers hommes qui eurent pour totem le lézard se transformèrent en une autre espèce de lézard (p. 389).