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collant et jaquette courte, parlant plus ou moins bien le français aux clients, et jetant quelques mots d’anglais aux garçons ou à sa marchandise, ayant, en un mot, presque les façons et l’aspect d’un gentleman, jusqu’au maquignon brocanteur à tempérament sec, maigre, efflanqué, giletière en clinquant, veston à brandebourgs, pantalon d’une nuance douteuse et bottes cirées sans reproches.

L’on y rencontre aussi le courtier, personnage qui connaît tous les besoins et tout le monde, qui tutoie les cochers et salue le grand monde, offre sans vergogne ses services et son expérience pour soutirer une pièce de cent sous, en servant en même temps de doublure au madré vendeur, sans omettre toute la tribu des maquignons interlopes, véritables propagateurs de maladies contagieuses. En un mot, tout ce qui de près ou de loin a le moindre rapport avec les chevaux, tels que cochers remerciés, valets d’écurie, garçons maquignons sans emploi, maréchaux, empiriques, tondeurs et bohémiens. Et enfin, le croumier à la longue blouse, encore plus redoutable, parce qu’il n’offre aucune garantie de solvabilité et qu’il donne un faux nom et une fausse adresse, soit qu’il vende au comptant ou achète à crédit ; c’est un voleur dans toute l’acception du mot.

La population chevaline reflète exactement le personnel ci-dessus.

La bête de grand prix se trouve dans les écuries, et le bon cheval de propriétaire, comme la plèbe, est tenu en main ou attaché par une corde sur une des principales places de l’endroit, coudoyant l’espèce asine et mulassière de tout acabit.

Tous les moyens frauduleux que nous avons énumérés précé-