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l’avenir de l’intelligence

chands de copie. S’ils s’en contentent, ils gagnent de rester entiers, mais ils se retirent d’un monde où leur fortune ne les soutient plus. Ils s’y laissent donc oublier et perdent leur rang d’autrefois. Ils le perdent encore s’ils se décident à rester, malgré l’infériorité de leurs ressources : ils reviennent à la servitude, au parasitisme, à la déconsidération, bref à tout ce qu’ils se flattaient d’éviter en vivant des produits de leur industrie : mais ils n’y auront plus le rang honorable des parents pauvres que l’on aide, ce seront des intrus qu’on subventionne par sottise ou par terreur.

Et voilà bien, du reste, ce que craignent les plus indépendants ; ils mettent toute leur habileté, toute leur souplesse à s’en défendre. Pendant que l’on envie l’autorité mondaine ou le rang social conquis d’une plume féconde, ces heureux parvenus de la littérature ne songent souvent qu’au problème difficile de concilier le souci de leur dignité et le montant de leur fortune avec les exigences d’un milieu social qu’il leur faut parfois traverser. Exercice assez comparable à celui qui consiste à couvrir d’encre noire les grisailles d’un vieux chapeau et qui n’est ni moins laborieux ni moins compliqué. Oblique prolongement de la vie de bohème.