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10. La bibliothèque du duc de Brécé.


Les Lettres furent donc sensiblement délaissées, partie comme trop difficiles et partie comme dangereuses. On bâilla sa vie autrement qu’un livre à la main, l’on se passionna pour des jeux auxquels l’intelligence avait une part moins directe. Il arriva ce dont M. Anatole France s’est malignement réjoui dans une page de son Histoire contemporaine. La bibliothèque des symboliques ducs de Brécé, qui avait accueilli tous les grands livres du xviiie siècle, ne posséda que la dixième partie de ceux du commencement du xixe, Chateaubriand, Guizot, Marchangy… ; quant aux ouvrages publiés depuis 1850 environ, elle acquit « deux ou trois brochures débraillées, relatives à Pie ix et au pouvoir temporel, deux ou trois volumes déguenillés de romans, un panégyrique de Jeanne d’Arc… et quelques ouvrages de dévotion pour dames du monde[1] ». On peut nous raconter que c’est la faute aux Jésuites, éducateurs des jeunes ducs grâce à la loi Falloux ; on peut crier à la frivolité croissante des hautes classes ; pour peu que

  1. Histoire Contemporaine, l’Anneau d’Améthyste, par M. Anatole France, p. 74, 75, 76 (Paris, Calmann-Lévy).